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Settings by Sadaf Ahmadi


Setting par Sadaf Ahmadi, 2023, La Maison des Chapitres, Forcalquier

Jeudi 27 Juillet au Lundi 31 Juillet tous les jours de 10h-13h et 15h à 18h

Vernissage samedi 29 Juillet à 18h

On entre dans une salle peuplée de statues voilées, fantomatiques, pendues par des cordes. Leurs têtes flottent légèrement au-dessus des nôtres. Elles tournoient, lentement, le regard rivé sur nous ou tourné vers le ciel. Elles sont tout à la fois hautaines et pieuses. Leurs visages sont recouverts de ciment, tout comme le sont les voiles diaphanes qui émergent en cascade de leurs cous. On se rend bientôt compte que ces êtres ne possèdent pas de corps à proprement parler; les voiles, vides, sont des colonnes de vapeur qui ne doivent leur apparence solide et sombre qu’à la monotonie du ciment. Les statues peuplent la salle, et lorsqu’on tente de se faufiler entre elles, elles semblent se resserrer et nous encercler. Au cœur de cette installation qui met en exergue les mécanismes de l’oppression sociale, ce sont les spectateurices qui traversent ce labyrinthe de formes inquiétantes qui se retrouvent en minorité. Du reste, ces chimères regardent toutes dans des directions différentes — vers le haut, le bas, l’est et l’ouest. Leur regard n’a ni rime ni raison. Elles sont toutes figées dans leur attitude, égarées dans leur forme rigide. Pendues, flottantes, elles sont détachées du sol et du monde réel. Elles tendent vers les cieux mais sont fatalement alourdies par le poids du ciment qui dicte leurs contours. Mais nous, nous savons que cette matière à l’allure si indestructible est en fait très fragile.

Ces statues évoquent une réalité révolue pour l’artiste Sadaf Ahmadi. Dans les années 90, Sadaf est une jeune fille voilée, une musulmane sans reproche, fière et pieuse. Cette identité lui vaut d’infinis compliments qui l’encouragent encore plus dans sa posture. Cette vie a son charme, un certain cachet; elle donne à Sadaf des avantages à l’école et dans sa communauté. Sadaf se sent légère, accomplie, acceptée.

Tout change lorsqu’à l’âge de 15 ans, elle déménage à Téhéran et commence à fréquenter une nouvelle école. Ayant habité une base militaire avant, sa nouvelle école est située dans un quartier progressiste de la ville où elle découvre de nouveaux horizons. Elle rejette la voie stricte qu’on l’avait forcée à suivre jusque-là et adopte une nouvelle perspective sur la place des femmes dans la société, mais pour la première fois, elle se sent isolée, à contre-courant de la société où elle vit et étudie. Ces statues de ciment vides représentent ce contre quoi elle se bat depuis lors, et la manière avec laquelle elle conçoit l’Iran: une prison où l’on s’enferme volontairement, et où les femmes sont obligées de renier leur corps afin d’être considérées respectables et de bénéficier de la sécurité que la conformité leur procure. Cette installation offre un regard critique sur le conformisme dans cette société qui récompense une forme perverse de pureté exigeant une subjugation absolue de la liberté individuelle. Le titre, “Setting,” évoque à la fois la manière avec laquelle la matière que l’artiste utilise durcit, ainsi que l’endurcissement des esprits chez le peuple iranien.

-Basil Galloway

You enter into a room full of statues of ghost-like veiled figures hanging from ropes. Their heads hang slightly above eye level, spinning slowly and looking down on you, or up at the sky. Both condescending and pious. Their faces are covered in gray concrete, and so are the thin veils that hang down below them. A second look makes it clear that these beings don’t actually have bodies; the concreted veils are empty, as though nothing more than a column of vapour, made uniformly solid and somber by the monotone concrete. The statues fill the room, and as you move between them they surround you. The pressure to conform when outnumbered in society is at play here, and in this exhibit the spectator is in the minority as they move among this maze of disturbing forms. But they are also all looking different directions- up, down, east, west. There is no cogency to their gaze, they are all set and they are all lost in their rigid forms. Hanging, they are disconnected from the ground, floating above the real world, reaching towards the sky, but dragged down by the weight of the rigid concrete that dictates their form. And we know that this material that dictates their form looks firm and set but is in fact very fragile.

These veiled statues represent a past reality for the artist Sadaf Ahmadi. She was a young, veiled girl in the 90s in Iran. Once proud of her status as a good muslim girl and of her piety, she was encouraged to excel at embodying this and was praised for it. It was the glamorous and popular way to be and yielded benefits in school and society. With it came a feeling of lightness and success, and of belonging. 

This changed for Sadaf at the age of 15 with a move to a new school. The rejection of the strict path that she had been guided down resulted in a new understanding of what was possible for a woman, but also in a sense of isolation and distance from the society she was living and studying in. These concreted empty statues represent what she has fought against since then, and also what she she sees today in Iran, a self-imposed prison and disembodiment required of women who want to be considered proper and to receive the advantages that conformity offers. Her current exhibit ‘Setting’ is a critical view of ascribing to a majority opinion in a society that rewards a perverse form of purity amounting to subjugation over self. The title refers both to the way concrete she uses sets as well as to the place this concrete has slowly set into the minds of people.

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